Après quelques semaines d’émeutes, telles que la France en a rarement connues dans son histoire pourtant agitée ; après une promesse d’ivrogne fondée sur un précédent historique douteux (« les Cent Jours »…) pour se refaire une santé, Jupiter a finalement accouché d’un ridicule remaniement ministériel, autant dire d’une souris.
Au cours des mandatures précédentes, septennats ou quinquennats, et ce depuis le début de la V° République, les remaniements, considérés comme de simples ajustements techniques, étaient loin de faire la « une » des journaux (*).
Aujourd’hui, faute de mieux, on a voulu monter en épingle ce mini remaniement dont l’essentiel est qu’une pisse-copie de l’érotisme de bazar et un ministre de l’éducation wokiste et méprisant la France, ont été remerciés. Ne parlons même pas des quelques autres ministricules virés, qui ne laisseront à coup sûr aucune trace dans l’Histoire…
Manifestement content de lui, Jupiter s’accroche. Après un défilé du 14 juillet sévèrement encadré, où les valets médiatiques du pouvoir ont eu le culot de transformer en « vivats » les huées des quelques badauds qui avaient réussi à se faufiler sur les Champs Elysées ; après un discours expéditif en Conseil des ministres, où tous les poncifs habituels ont été évoqués, nous voilà donc avec un nouveau gouvernement « Borne II ».
Évoqué par quelques commentateurs politiques complaisants pour justifier l’inaction du président et de son gouvernement, il est un mobile qui ne tient pas la route : « Macron n’a pas la majorité à l’Assemblée Nationale, il est donc pieds et poings liés puisqu’il ne peut pas faire passer des lois ni réformer, etc… »…
Ceci n’est qu’un prétexte, au mieux un mobile ; en aucun cas pas un motif.
Quand on voit les clowns mélenchoniens, je concède que la composition de cette chambre est sans doute l’une des pires de l’histoire de la V° République. Mais la Constitution de 1958, que certains voudraient abattre après l’avoir dénaturée eux-mêmes à plusieurs reprises, offre bien des solutions pour donner à l’exécutif – pour peu qu’il en ait envie – les moyens de gouverner. Et autrement que via l’article 49-3, qui est certes l’un des leviers, mais pas le seul.
Il y a par exemple la concertation avec les autres forces de l’Assemblée Nationale afin de trouver des terrains d’entente au coup par coup. J’exclus évidemment LFI dont l’objectif premier est de casser nos institutions. LFI mais pas les autres partis de ce conglomérat opportuniste qui ne visait qu’à sauver des sièges. Élus PC et PS ont en effet, pour certains, conservé malgré cette union contre nature, une fibre patriote et une certaine intelligence des situations qui aurait pu permettre à LREM de constituer des majorités sur des points précis.
Et pour un grand nombre de projets, il n’aurait pas été exclu de construire des majorités ponctuelles avec le RN, notamment sur des problèmes de sécurité et de contrôle de l’immigration pour peu qu’ils aient été traités avec intelligence et objectivité et dans l’intérêt de la France.
On aurait même pu peut-être imaginer un genre d’union nationale, réunissant patriotes de tous bords, sur des projets essentiels de sauvegarde de la France. Je ne dis pas que c’eût été facile, mais ça n’a pas même été tenté…
Et puis, et puis… il y a bien d’autres moyens pour le gouvernement de faire appliquer sa politique, pour peu qu’il en ait l’envie et le courage. Il peut notamment agir par décrets et par arrêtés. Et, si ça ne suffit pas, le président peut décider de recourir provisoirement à l’article 16 de la Constitution (certains y ont beaucoup songé, pendant les émeutes).
Il y a enfin l’ensemble du dispositif législatif et réglementaire existant, qu’il suffirait d’avoir la volonté de faire appliquer et respecter correctement et sans tergiverser.
Alors… pourquoi cette paralysie apparente de Macron face à toutes les épreuves que la France traverse ? Qu’attend-il, qu’espère t’il, en remettant en selle un Premier ministre qui a échoué ?
« Malheur au pays dont le roi est un enfant », rappelait Montherlant, reprenant un verset de l’Ecclésiaste…
Jupiter ne serait-il finalement qu’un petit Dieu hésitant et impuissant ?
Marc Le Stahler
23/7/2023
* Ne pas confondre un « remaniement ministériel » avec la démission du gouvernement et la composition d’un nouveau gouvernement, autour d’un nouveau Premier Ministre, nommé par le Président. Formule qui aurait été sans doute plus en adéquation avec la situation actuelle, tant est flagrante l’incompétence globale de cette équipe et de son Premier Ministre…