Résignés. Les Français sont résignés. Ils subissent sans broncher les restrictions qui leur sont imposées. Ils sont même prêts à tout accepter, absolument tout, dés lors qu’on leur dit que c’est pour leur bien.
La France de 2023 est en souffrance. Le pays est sinistré. Il s’effondre sur lui-même. Et ce n’est pas être décliniste que d’en faire l’amer constat. Il suffit de faire un retour sur le passé pour mesurer la profondeur de l’abîme qui s’est creusé en quelques décennies. Que ce soit par incompétence, cynisme ou aveuglement idéologique, les gouvernants de droite comme de gauche qui se sont succédé depuis quarante ans ont accumulé les erreurs dont nous payons les lourdes conséquences aujourd’hui.
La désastreuse gestion de la crise du Covid en est l’illustration la plus récente. Les responsables politiques du pays se sont pris les pieds dans le tapis à chaque étape de la crise. Le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales, révélé par Le Parisien le 4 janvier, est accablant. Il pointe nombre de failles et de manquements, particulièrement le fiasco de la cellule de pilotage débordée parce que sous-dimensionnée, le manque de masques sciemment dissimulé par les pouvoirs publics ainsi que l’oubli total des EHPAD en début de crise qui a donné lieu par la suite à des consignes, trente-cinq au total, souvent contradictoires.
Le rapport de l’IGAS, qui recoupe celui de la commission d’enquête du Sénat réalisé de juillet à novembre 2020, a été transmis à la Cour de justice de la République, seule habilitée à pouvoir juger les responsables politiques pour des faits commis lorsqu’ils étaient en fonction. Rappelons que pour l’heure seule Agnès Buzin est mise en examen pour mise en danger de la vie d’autrui. Il est probable qu’après la publication de ce rapport explosif, l’ancien ministre de la Santé ne sera pas seule à porter le chapeau . D’autant que le dossier déjà volumineux de cette gabegie s’est enrichi, si l’on ose dire, des conséquences désastreuses de l’obligation vaccinale sur la santé de nombreuses personnes. Le sujet est aujourd’hui tabou. Il est délibérément passé sous silence par les médias. Pourtant les témoignages de victimes ne manquent pas. A quand une commission d’enquête parlementaire ou un nouveau rapport de l’IGAS sur cet autre aspect de la gestion cahotique de la crise sanitaire ?
Manque de vision stratégique
Fin août 2022 devant un parterre d’entrepreneurs du Medef, Jean-Bernard Lévy vide son sac. Le PDG d’EDF dont le mandat arrive à son terme critique le manque de vision stratégique de l’État sur le nucléaire. « Pourquoi on n’a pas assez d’équipes formées ? Parce qu’on nous a dit que le parc nucléaire va décliner. « Préparez-vous à fermer des centrales », l’a-t-on prévenu. Le patron d’EDF explique qu’il faut de deux à trois ans pour former un soudeur ou un tuyauteur et qu’à partir du moment où il a été informé que des centrales allaient fermer, « on n’a plus embauché de gens capables de construire les centrales, mais de gens capables de les fermer ». Le discours passe mal à l’Élysée. Macron qualifie de « faux », « inacceptables » et « irresponsables » les propos tenus par celui qui dirige EDF depuis 2014. Comme à chaque fois qu’il est confronté à ses propres contradictions, Choupinet réagit avec la brutalité du malfaiteur pris la main dans le sac.
Car Macron a changé du tout au tout sur le nucléaire. Favorable, comme son prédécesseur, à la réduction de la part du nucléaire dans le mix énergétique français, il ordonne en 2020 la fermeture des deux réacteurs de la centrale de Fessenheim dans le Haut-Rhin. Mais en novembre 2021, changement de pied, il annonce que la France devra construire de nouveaux réacteurs. Le 10 février 2022 à Belfort il se fait plus précis. Non seulement il n’est plus question de « fermer 14 réacteurs nucléaires avant 2035 » comme il l’affirmait en 2018, mais il déclare vouloir prolonger tous les réacteurs existants, en construire 6 nouveaux et lancer des études sur 8 autres. Comme le dit Gérard Collomb qui ne manque pas une occasion de le tacler : « Quand vous entendez Macron, sur tous les problèmes, il vous dit une chose, puis une autre. Un coup dans le zig, un coup dans le zag. » Seulement, avec ces changements de pied ce sont dix années de désinvestissement sur le nucléaire qui ont été perdues. Des centrales qui n’ont pas été entretenues, des réacteurs à l’arrêt. Et ce sont les Français qui payent aujourd’hui la facture de l’irresponsabilité de leurs dirigeants. Qui voient grimper le montant de leur facture d’électricité. Qui doivent choisir entre se chauffer et se nourrir. Ce sont les boulangers et les restaurateurs contraints de mettre la clé sous la porte. Les entreprises obligées de réduire leur production, voire de se mettre à l’arrêt pour limiter leur consommation électrique. Une situation invraisemblable, certes aggravée par la guerre en Ukraine, mais qui était largement prévisible, si nos gouvernants avaient écouté les dirigeants successifs d’EDF qui les avaient prévenus qu’on allait droit dans le mur. Un aveuglement idéologique aux lourdes conséquences que l’usage intensif du chèque par un pays en état de surendettement ne parviendra pas à compenser. Ce n’est pas avec des rustines qu’on peut réparer un rafiot qui prend l’eau de toute part. Il faut changer non seulement la coque du bateau, mais aussi tout l’équipage. Bonne année !
Alain Marsauguy